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Hypermarchés : Transformation en drive généralisé Nouvelles chaînes de production-distribution, Surface logistique en vrac, Création de contenants consignés, nouveau bassin d’emploi, nouveaux acteurs locaux, espace périurbain re-paysagé (campagne), nouveau lieu de sociabilité.

Objet d'étude / la tendance actuelle

La loi du 10 février 2020 relative à “la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire” prévoit d'interdire les plastiques à usage unique d'ici 2040. Cette loi demande, en annexe, une forte adaptation des géants de la distribution (et en amont, des filières de production) afin qu'ils atteignent un volume plus important de vente en vrac. De leur côté, les grandes surfaces de distribution, espace encore très démocratisé et les plus fréquenté par la population, n'ont aujourd'hui consacré que 0,5 % de leur mode de vente au vrac. Un long chemin reste encore à faire … Le modèle des “enseignes bio” dont la formule de base est de distribuer principalement des produits en vrac, (sourcé auprès de producteur en direct qui leur livrait de gros volume pour ensuite se les partager) a subi une forte régression en multipliant depuis leur avènement les produits pré-emballés, en suivant le mode de vente courant et en abandonnant leur revendication première. Si on regarde l'historique et l'émergence des supermarchés des zones périurbaines, on comprend que l'emballage est au fondement de leur existence, et se lie d'amitié avec une dimension d'ampleur : le marketing. Également, le “libre service”, la rotation accélérée du stock, la promotion de déstockage sont des outils courants qui constituent leur modèle économique. La crise sanitaire récente a fait baisser de 30% la vente de vrac, qui à cette période était très souvent close. Alors, si la grande distribution adopte et généralise la distribution en vrac, à quoi ressemblera un hypermarché en 2040 ? Quel aura été la réponse des géants de la distribution à l'échéance de cette loi ?

En suivant la progression de la vente en ligne des denrées, fortement amplifiées par les mesures sanitaires liées à la crise du Covid, la grande distribution choisit de suivre cette tendance et de généraliser ce mode d’achat. En effet, cette crise à pousser les consommateurs à rester chez soi le plus possible : ne sortant que pour des intérêts particuliers, faire ces courses et déambuler dans un Hypermarché n’est plus devenu indispensable et considéré comme une perte de temps. Cette transformation admise, les géants de la distribution ont imaginé allier ce nouveau mode d’achat avec la prérogative du vrac et du sans-emballage, pour transformer les hypermarchés en Drive géants. En se libérant complètement du libre-service pourtant caractéristique de leur identité, ils ont pu imaginer y reconstruire un espace logistique pour “produire” le sac de course commandé plus tôt en ligne par le client. Cela a entraîné une grande facilitation de la commercialisation et de la distribution du vrac puisque le grand public n’y rentrant plus, des opérateurs internes s’affairait à acheminer les marchandises, les mettre en contenant, suivant un hygiène et un ordonnancement industriel ne causant aucune perte de temps, aucun gâchis et finalement aucune perte économique. Ces nouveaux postes d’opérateur/manutention ont fait naître un bassin local d'emploi autour de chaque établissement. Premier employeur de la région, l’hypermarché a revu sa politique. L’aménagement logistique des Hypers a complètement été revu, s’équipant de machines et d’équipement spécifiquement dessiné pour une distribution en vrac des denrées. Chez les producteurs jusqu’aux hyper, ce sont maintenant de grandes cuves, des bacs et bonbonnes qui sont acheminés et mis en rayon. Ces nouveaux standards s’accordent avec les chariots de levage et bacs que les employés utilisent lors de chaque chargement. Pour parvenir à une distribution sans emballage, les Hypermarchés ont développé en collaboration avec les géants de la production alimentaires, des gammes sophistiquées de contenants consignés. Ces contenants sont cyclés dans une chaîne permanente au cœur de l’hyper : Après avoir consommé ses produits, le consommateur fait un retour de ces divers contenants lors de son prochain approvisionnement pour récupérer sa consigne. Ces contenants sont stockés dans un espace dédié et sont traités par l’hypermarché qui s’est équipé d’automates de nettoyage. Pour conserver la traçabilité, la transparence des compositions, et les quelques autres informations des produits, chaque contenant une fois rempli par l’opérateur est étiqueté de façon sommaire pour remplir les réglementations légales en vigueur. Cette étiquetage éphémère disparaîtra au prochain retour pendant son passage dans l’espace de traitement et de mise en conformité. Géographiquement, l’hypermarché historiquement situé en périphérie de la ville est devenu au fil des années un espace public secondaire. En cédant la propriété des terrassements extérieurs à la ville, ils sont devenus de nouveaux communs dans lesquels de petits producteurs locaux se sont peu à peu installés. En effet, l’extérieur de l’hypermarché n’est plus ce parking froid et impersonnel. A l’initiative de quelques gérants d’hyper au retrouve parfois un espace potager, une ruche commune et des ateliers culinaires à vertus éducatives sur les grands toits des bâtiments en préfabriqués, animés par des employés dédiés. Enfin, ces terrains extérieurs en gestion par la commune, ont été redessiné pour faire ressurgir la culture campagnarde des lieux : par un travail paysagé, des plantes de prairies sont réimplantés, les parkings sont dégoudronnés et revégétalisés, certains espaces sont reboisés.