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TOFU TURFU (provisoire)

Objet d’étude : avènement du véganisme Temporalité : ≈ 2069 (environ 2 générations) Driver : prolonger les courbes Scénarios : véganisme généralisé

La société française est basée sur un modèle agro-industriel dont les impacts sont multiples puisqu’il influe/infuse dans notre économie, notre culture et nos territoires. Il génère en ce sens des savoir-faire spécifiques, des infrastructures, des traditions, des paysages… et détermine notre rapport aux différentes espèces animales.

En février 2021, le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet annonce, dans le cadre de la pandémie de Covid-19, vouloir supprimer temporairement la portion de viande du repas des cantines scolaires pour permettre une préparation plus rapide des repas et limiter le brassage des élèves. Quelles que fussent ses réelles intentions, le tollé médiatique alimenté par les nombreuses récupérations politiques montre que la question alimentaire, plus qu’un choix personnel, est une composante culturelle et sociale importante. Ce fait politique s’inscrit dans un contexte de questionnement des régimes alimentaires, motivé par les transformations sociétales en cours.

D’une part, les enjeux environnementaux sont devenus une source de préoccupation : l’agriculture et l’élevage représentent en effet 24% des émissions mondiales de CO2, et utilisent 75% des ressources en eau douce de la planète. La question sanitaire est également particulièrement sensible puisque les contacts rapprochés entre les différentes espèces, accrus par la conquête de nouveaux territoires, favorisent l’émergence, la transmission et la propagation de nouvelles maladies zoonotiques. Ce phénomène, associé à aux excès de la zootechnie (homogénéisation des races, usage abusif d’antibiotiques), fragilise grandement le patrimoine génétique. Le lien entre consommation carnée et risque de développement de cancers, diabète ou troubles cardiaques est aujourd’hui qui plus est avéré. Si la viande rouge, par ses apports en protéines, est spontanément associée à un imaginaire néandertalien de virilité (largement travaillé par le marketing et la culture populaire) et considérée comme un marqueur statutaire par son prix élevé et cette symbolique de puissance, les phénomènes évoqués précédemment tendent à remettre en cause la perception sociale d’un régime carné. De plus, les révélations, depuis quelques années, de scandales alimentaires liés aux conditions délétères de l’élevage intensif contribuent à la prise de conscience de l’exploitation animale généralisée et à la diffusion du courant antispéciste. Enfin, face à ces constats et à la diminution des produits carnés, le marché des produits végétaux et ersatz de viande croît : selon l’institut d’études Xerfi, la part de marché des produits végétariens et vegans a augmenté de 24% sur la seule année 2018 en France. Des entreprises spécialisées se réorientent dans la commercialisation de “steaks végétaux”, et des investisseurs de la Silicon Valley investissent massivement dans la R&D de viande de synthèse (selon le cabinet Alim’Avenir, celle-ci a attiré 100 millions de dollars dans le monde depuis 2015).

Aujourd’hui, le véganisme, un régime alimentaire prônant un mode de vie et un projet politique qui refuse la domination des animaux par les humains, pour leur consommation alimentaire, vestimentaire et leur divertissement, concerne entre 0,5 et 2% de la population française. Si cette proportion peut sembler anecdotique, la résonance de son projet avec les préoccupations actuelles — qu'elles soient écologiques, sanitaires, politiques ou économiques — le rende probable.